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Bureau d’audiences publiques sur l’environnement

L'heure juste

SEPTEMBRE 2023

ÉCOUTE ACTIVE | REGARD SUR LA PARTICIPATION CITOYENNE

TÉMOIGNAGE D'ALAIN R. ROY

Mon premier contact avec le BAPE

Le nouveau président du BAPE, Alain R. Roy, raconte sa première expérience avec l’organisation qu’il a maintenant la responsabilité de diriger. S’ensuit un intéressant voyage dans le temps.

Vers la fin de 1992, la Société d'histoire de Magog a reçu de la Bibliothèque Memphrémagog des boîtes de documents portant sur le projet d’aménagement de plages au lac Memphrémagog, qui avait donné lieu à un rapport d’enquête et d’audience publique déposé par le BAPE le 17 juin 1992. Intrigué, j’ai voulu en savoir davantage sur ce projet.

- Alain R. Roy

Je suis heureux de partager avec vous un souvenir tout à fait personnel qui a fait naître chez moi un intérêt pour la protection de l’environnement ainsi que pour une meilleure connaissance de mon milieu natal, Magog, en Estrie.

Mon premier contact avec le BAPE remonte à 1992, à l’époque où je terminais mes études en histoire à l’Université de Sherbrooke. Au même moment, je m’impliquais activement au sein de la toute jeune Société d’histoire de Magog.

Vers la fin de cette année-là, la Société a reçu de la Bibliothèque Memphrémagog des boîtes de documents portant sur le projet d’aménagement de plages au lac Memphrémagog, qui avait donné lieu à un rapport d’enquête et d’audience publique déposé par le BAPE le 17 juin 1992.

Intrigué, j’ai voulu en savoir davantage sur ce projet.

Des plages de rêve

J’ai appris qu’en 1986, les autorités municipales et régionales avaient adopté une stratégie de promotion touristique connue sous le nom de Station touristique internationale Magog-Orford. Grâce à cette initiative, on a voulu transformer le développement touristique de la région pour promouvoir et mettre en valeur les attraits et événements autour du lac.

C'est dans ce contexte que la Ville de Magog, animée par le souhait de rendre ses trois plages publiques plus attrayantes pour la population et les visiteurs, a décidé d'aller de l'avant avec l'ambitieux projet de les ensabler.

Pour ce faire, il était requis de soumettre le projet au ministère responsable de l’Environnement et, par la suite, au BAPE.

L’intervention du BAPE

Durant la période d’information publique consacrée au projet, d'une durée de 45 jours à l'époque, le BAPE a ouvert deux centres locaux de consultation en plus des centres permanents de ses bureaux de Montréal et de Québec. Sept demandes d’audience, provenant de groupes et de citoyens, ont été adressées au ministre responsable de l’Environnement au cours de cette période.

Le 27 janvier 1992, le ministre, monsieur Pierre Paradis, a mandaté le BAPE de tenir une audience publique relativement à ce projet et de lui faire rapport de ses constatations ainsi que de l'analyse qu'il en aura faite.

La commission sera confiée à madame Claudette Journault, assistée notamment par messieurs Jean-Pierre Desjardins et Jean Paré, commissaires, et René Beaudet, secrétaire de commission et analyste. René allait devenir plus tard directeur de l’expertise environnementale puis aujourd’hui notre secrétaire et directeur général.

J’ai donc reçu ces boîtes de documents et procédé à un inventaire. Curieux, je me suis mis à lire le rapport.

De la consultation à la conscientisation

Certes, je connaissais bien le lac Memphrémagog pour avoir fréquenté ses plages publiques lorsque j’étais enfant. J’avais constaté qu’elles étaient rocailleuses et je m’étais souvent demandé pourquoi elles n’étaient pas ensablées comme à Old Orchard, ma seule référence en la matière à l’époque!

Je trouvais l’idée du projet intéressante; après tout, de belles plages ensablées seraient plutôt séduisantes pour les baigneurs! Je ne me souciais évidemment pas des conséquences que pouvait avoir un ensablement des berges sur la santé et l’environnement du lac. Le rapport du BAPE allait me sensibiliser à cette réalité.

L’exercice d'information et d'expression des opinions réalisé au cours de cette audience publique a suscité beaucoup d’échanges et de débats dans la population.

Deux grandes visions étaient alors débattues lors des séances publiques menées par la commission. D’un côté, l’initiateur, la Ville de Magog, ainsi que les gens d’affaires considéraient que l’état naturel des plages n’offrait pas la qualité à laquelle s’attendent les utilisateurs et que leur ensablement corrigerait la situation.

D’autre part, des associations à vocation écologique, des groupements de citoyens et des individus redoutaient au contraire les répercussions négatives de la réalisation d’un tel projet sur l’écosystème du lac.

Un rapport constructif

Le rapport (no 55) conclut que « la commission partage l'objectif général de la Ville de Magog d'améliorer ses plages publiques. Elle croit cependant que le projet actuel n'atteindrait cet objectif que très imparfaitement. La commission désapprouve notamment les interventions périodiques en milieu aquatique que nécessiterait le maintien en place des ouvrages. Elle estime que des ouvrages aussi instables entraîneraient d'importants impacts environnementaux ».

En somme, la commission y énonce certaines pistes permettant d’encourager l’atteinte de l’objectif d’amélioration des aires de baignade. Plusieurs de ces propositions ont été tenues en compte et appliquées jusqu’à ce jour.

Mon œil de jeune adulte a beaucoup appris sur le processus de réflexion et d’analyse entourant la recevabilité et la pérennité d'un projet de ce genre et sur les répercussions qu’il aurait pu avoir sur l’environnement s’il avait été autorisé.

Trente-et-un ans plus tard, je suis à même de constater que ce rapport a conscientisé la population, particulièrement les riverains et la municipalité, à adopter des pratiques soucieuses d’améliorer la qualité de l’eau du lac.

Ce n’était qu’un début…

J’allais renouer avec le BAPE en 2014 en participant à la rédaction du mémoire de la MRC des Maskoutains (Saint-Hyacinthe) à l’occasion du mandat générique sur les enjeux liés à l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste dans le shale d’Utica des basses-terres du Saint-Laurent (rapport no 307) et en faisant une présentation lors de l’audience publique tenue à Saint-Hyacinthe en juin 2014.

J’étais encore bien loin de me douter que j’allais poursuivre plus tard ma carrière au sein de cette institution connue et reconnue internationalement…

 

  • Photo: Wangkun Jia/Shutterstock.com