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Bureau d’audiences publiques sur l’environnement

L'heure juste

FÉVRIER 2024

REGARD SUR LA PARTICIPATION CITOYENNE

UN POUR TOUS, TOUS POUR VOUS!

Une grande première a eu lieu le 30 janvier dernier. Plus d’une trentaine de personnes œuvrant dans le domaine de la consultation citoyenne se sont réunies à Québec pour prendre part à la Journée sur les bonnes pratiques en participation publique (B3P). Retour sur cet événement rassembleur organisé par le BAPE pour souligner son 45e anniversaire.

Parmi la douzaine d’organisations publiques qui ont participé à l’activité, certaines consultent la population à l’échelle municipale (villes de Gatineau, de Laval, de Trois-Rivières et de Québec, Office de consultation publique de Montréal et Office de participation publique de Longueuil), d’autres à l’échelle régionale (communautés métropolitaines de Montréal et de Québec, COMEX), provinciale (Commission municipale du Québec et BAPE) ou fédérale (Agence d’évaluation d’impacts du Canada). Mais toutes ont à cœur d’entendre ce que les citoyens et citoyennes ont à dire sur des projets et des enjeux qui les touchent. La réunion de tout ce beau monde désireux de discuter de défis communs a donné lieu à des échanges vivifiants!

Pour établir le programme de la Journée B3P, le comité organisateur a d’abord sondé les organisations afin de connaître les questions qu’elles souhaitaient aborder. Devant des propositions à la fois nombreuses et diversifiées, il a dû faire des choix avec en tête la volonté de traiter de sujets rassembleurs, malgré des environnements d’affaires parfois très différents.

Une participation diversifiée

Au cours du premier atelier, intitulé «Favoriser une participation publique diversifiée», nous nous sommes d’abord interrogés sur les notions de diversité et de représentativité. De manière générale, nous cherchons davantage à soutenir l’émergence d’une diversité de voix et d’opinions qu’à obtenir la représentativité des parties prenantes. Une consultation publique n’est pas un sondage. Sa force réside dans sa capacité à informer, à recueillir les préoccupations, à mieux comprendre les enjeux des différents participants et, le cas échéant, à permettre l’émergence de solutions.

Nous avons ensuite discuté de ce que les organisations avaient fait pour joindre des publics diversifiés. À ce propos, même si les réalités varient beaucoup d’un milieu à l’autre, tous s’entendent pour dire que susciter la participation de certains groupes, comme les femmes, les jeunes ou les personnes issues de diverses minorités, représente un défi.

C’est donc avec intérêt que nous avons découvert les initiatives des uns et des autres. Des intervenantes et intervenants nous ont raconté avoir organisé des échanges en petits groupes pour mieux joindre les femmes, avoir visité des parcs pour parler avec des jeunes, avoir assisté à des cours de francisation pour interagir avec de nouveaux arrivants, avoir ajouté à leurs options de participation la possibilité de laisser un message vocal pour ceux qui ne souhaitent pas s’exprimer par écrit ou en public, avoir formulé une question de départ pour faciliter la rédaction des contributions, etc. Ce ne sont bien entendu que quelques exemples parmi plusieurs autres.

Il est ressorti de ces échanges qu’il faut bien connaître le milieu d’accueil du projet et déployer tous les efforts nécessaires pour s’y adapter adéquatement. Nous devons aussi aller à la rencontre des gens, mettre en lumière l’intérêt qu’ils ont à participer et valoriser leur contribution, leur faire comprendre qu’ils n’ont pas à être des experts pour donner leur point de vue, que leur expérience concrète du terrain est précieuse pour nous.

L’information du public

Le deuxième atelier soulevait la question «Informer les publics, comment bien le faire?». Pour lancer la discussion sur ce sujet, les participantes et participants ont été invités à identifier les défis rencontrés par leur organisation dans ce domaine.

Parmi les nombreux enjeux qui ont émergé de cette réflexion figurent la saturation et la fragmentation de l’information. Comment joindre des gens qui s’informent à une grande diversité de sources et comment les intéresser dans cette mer d’offres toutes plus attrayantes les unes que les autres? La vulgarisation de processus parfois très complexes et de l’aspect technique des projets s’est aussi révélée un défi important de même que la désinformation à laquelle on doit faire face dans les médias sociaux.

Afin de faciliter la compréhension, Scolarius, un outil d’analyse de la lisibilité d’un texte disponible gratuitement en ligne a été cité en exemple par quelques équipes. Il a aussi été question de tester ses outils de communication auprès d’un groupe témoin ou même d’un organisme en alphabétisation, de sensibiliser le personnel aux problèmes de littératie et de miser sur des images, notamment.

Valoriser les contributions

Le troisième atelier s’intitulait «Mettre en valeur la contribution citoyenne». À chaque table, les participantes et participants ont expliqué à tour de rôle comment leur organisation traitait les contributions du public. Au BAPE, par exemple, elles sont résumées dans un des chapitres des rapports des commissions d’enquête et elles contribuent à la détermination des enjeux traités. Certaines d’entre elles sont textuellement intégrées dans les sections d’analyse des rapports.

Nous étions ensuite invités à nommer l’élément essentiel à la mise en valeur de la contribution citoyenne. Les mots clés ont fusé: écoute, reconnaissance, respect, fidélité, transparence, etc. Certains ont aussi mentionné qu’il fallait gérer les attentes et démontrer la plus-value des mécanismes d’information et de consultation publique dans le processus décisionnel.

Après quoi, nous avons réfléchi à d’autres options de valorisation des contributions. Par exemple, la réalisation de vox pop à la sortie des séances, l’envoi de remerciements personnalisés, la création d’une bibliothèque rassemblant l’information obtenue à l’occasion de consultations, ou encore, une rétroaction pour expliquer aux citoyennes et citoyens le contenu des rapports et les décisions qui ont été prises ainsi que la manière dont ils ont été influencés par leurs contributions.

La journée s’est terminée avec une présentation de Jacques Bénard, membre additionnel à temps partiel au BAPE et commissaire à l’Office de participation publique de Longueuil. Il a exposé certains des constats-chocs d’un essai français paru récemment: Pour en finir avec la démocratie participative de Manon Loisel et Nicolas Rio. Nous avons par la suite tenté d’établir des liens entre le propos des auteurs et ce dont il avait été question au cours des ateliers. Nous nous sommes aussi demandé de quelle façon nos organisations pourraient collaborer afin de faire face aux défis qui les attendent.

À la fin de la journée, plusieurs ont souhaité que cette première rencontre ne soit pas la dernière. Chose certaine, elle nous a permis de mieux connaître nos pairs, ce qui ne peut être que bénéfique pour des organisations qui cherchent à toujours mieux servir les citoyennes et citoyens.